EXCLUSIF : LA « GUERRE DE KATUMBI » SE PRÉCISE

Ce 18 mai 2018, soit le lendemain de la fête de libération le 17 mai, RFI publie un dossier sur le débarquement des paras français à Kolwezi voici 40 ans. Loin d’un rappel historique, ce sujet, qui a déjà été traité par Jeune Afrique voici 5 jours, n’est rien d’autre qu’une forme d’avertissement, de menace ou de chantage sur Kinshasa quant à un éventuel débarquement après que les « katumbi-boys » ont promis qu’ils ne répondraient de rien si leur champion ne prend pas part aux élections. Démonstration !

Lors que les « katumbi-boys » promettent de ne pas répondre de ce qu’il adviendra à la RDC si leur champion de participe pas aux élections et que les observateurs craignent que ces propos fassent agiter le spectre d’une nouvelle guerre, l’on crie vite à l’acharnement contre Moïse Katumbi. Pourtant, les faits récents donnent à penser et même à se convaincre que l’idée et le projet d’une guerre pour la conquête du pouvoir sont bien sur les tablettes de certaines officines occidentales. Même si le dire suscitera toujours des dénégations et des dénonciations d’acharnement.

Les faits apparemment anodins sont pourtant clairs et bien évocateurs d’une sorte de menace, d’intimidation ou de chantage à la paix pour décrocher ce que l’on veut. Ces faits, c’est ce curieux rappel du débarquement, voici 40 ans, d’un contingent français à Kolwezi à travers une opération aéroportée franco-belgo-américain baptisée « Opération Bonite », menée par le deuxième régiment étranger de parachutistes (2e REP) français, ainsi que par des troupes belges et zaïroises. Objectif : délivrer des otages européens retenus dans la ville minière de Kolwezi par des rebelles katangais.

Officiellement, ce rappel coïnciderait avec la date de l’évènement qui se produisit un certain mois de mai 1978 comme cette année de ses 40 ans. Mais la simplement coïncidence ne convaincrait que les naïfs s’il faut considérer l’ampleur médiatique qui en est faite par rapport à la moindre opportunité historique et au contexte actuel. Aujourd’hui, les hauts faits d’armes français au Congo d’après l’indépendance serait plus opportuns avec l’ «opération Artémis» qui contribua sensiblement à la fin de la guerre interethnique en Ituri où ces tueries ont repris, alors que nulle part au pays il n’est documenté des tueries massives et une prise d’otage tout aussi massive d’étrangers.

 

Allusion sans équivoque à une attaque sur la RDC

Le diable se situe dans les détails, dit-on. Ce rappel historique, qui fait presque l’impasse sur sa dimension de soutien à Mobutu, est fait par RFI ce vendredi 18 mai 2018 au lendemain de la fête de la libération. Remarquez cette proximité. Dans sa tranche matinale « Invité Afrique », RFI fait parler le Général Benoît Puga, ancien chef d’état-major de Sarkozy et de Hollande qui fit partie du 2ème REP sous Valery Giscard D’Estaing. Cet ancien Président français fut notoirement connu pour son soutien aux dictateurs africains de l’époque comme Mobutu et Bokassa qui devint même empereur littéralement sous son parrainage.

L’entretien radiophonique s’attarde curieusement sur deux faits majeurs : la réussite qui a caractérisé l’opération ayant sauvé des vies humaines et libéré Kolwezi de l’occupation, et le professionnalisme qui aurait caractérisé les différentes phases de l’opération, surtout la coordination entre français, belges et américains.

Ce n’est pas tout. L’entretien évoque surtout la possibilité de la réédition d’un tel débarquement aujourd’hui et l’éventualité de sa réussite. Et sur toute la ligne, la réponse de l’invité est « oui ».

Avant d’aller plus loin, répétons que cette production de RFI ce vendredi 18 mai 2018 ne peut avoir aucun soubassement de rappel historique, même par pure coïncidence de date. Cet élément – la date – aurait été déterminant que jeune Afrique n’aurait pas publié le même dossier déjà il y a cinq jours, soit le 13 mai. Et cette revue notoirement connue comme proche de Katumbi cite un témoin qui avance que les légionnaires français aurait pris le contrôle de Kolwezi en une demi-heure.

 

Une communication médiatique qui ne trompe pas

Cette communication médiatique paraît trop suggestive pour ne pas attirer l’attention. La coïncidence de date – 18 mai et 17 mai -, l’obédience des supports par rapport à la configuration de la classe politique congolaise et leur rapprochement avec Katumbi, les propos va-t-en-guerre de celui-ci et les siens, etc., autant d’éléments qui ne laissent nulle place à la distraction intellectuelle.

L’allusion à un éventuel succès de la réédition d’un tel débarquement n’a de mesure que la caricature collée au régime en place traité de dictature et de l’armée régulière congolaise considéré comme une soldatesque au même titre que les « gendarmes katangais » de 1978 à Kolwezi.

Et lorsqu’il faut rappeler que toute opération de renversement du pouvoir à partir de l’extérieur a besoin d’une base arrière rapprochée et que l’on se souvient que Katumbi, le même va-t-en-guerre, vient de séjourner à Kigali, pourquoi ne pas se poser de question, si pas tirer la sonnette d’alarme ? En tous cas, l’activisme politique de Katumbi en terre rwandaise et les libertés de Kagame par rapport à l’actualité politique en RDC sont trop patentes pour être fortuits. On se souvient, en effet, que la guerre de libération de l’AFDL avait débuté à l’Est par ce genre de rapprochements avec la coopération militaire rwandaise, burundaise et ougandaise.

Cependant, si, hier, ce guerre se justifiait par la nécessité d’une libération du joug dictatorial, aujourd’hui, l’activisme de certains compatriotes avec des lobbies politico-affairistes occidentaux n’a rien à voir avec une quelconque cause nationale.

Affaire à suivre…

 

Léon Kroegell

(Correspondance particulière de Bruxelles)

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